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Publier et transmettre

Pour faire connaître une histoire, un parcours ou une innovation, plusieurs médiums s’offrent aux associations, entreprises ou institutions qui nourrissent un projet de ce type. Le livre figure en bonne place parmi les supports de valorisation. À la fois outil de narration, de médiation et de communication, il peut se révéler un précieux moyen de transmission.

Le scénario de départ

L’émergence d’un projet d’édition est souvent liée à un événement particulier qui joue le rôle d’élément déclencheur :

  • « Nous voulons marquer l’anniversaire de notre entreprise en éditant un ouvrage historique » ;
  • « Nous avons retrouvé des archives familiales et aimerions les rassembler dans un album » ;
  • « Notre association a organisé un colloque et envisage d’en publier les actes à partir des retranscriptions de chaque intervenant » ;
  • « Nous possédons un fonds photographique que nous aimerions mettre en valeur à travers l’édition d’un beau livre » ;
  • « Un historien passionné a travaillé sur l’histoire de notre monument et nous souhaiterions en faire un livre ».

Le scénario varie suivant le type d’organisation (entreprise, site touristique, association culturelle, famille, etc.), le contenu à mettre en valeur (texte seul ou avec illustrations) et le contexte de diffusion de l’ouvrage (ouvrage vendu ou offert) mais, dans tous les cas, la mise en œuvre repose sur deux vertus quasi cardinales : patience et persévérance !

Avant de concrétiser un projet éditorial, il est nécessaire de procéder par étapes.

En préambule, il s’agit de traiter la matière première que sont les textes et l’iconographie.

Si le sujet est inédit, tout reste à faire, à commencer par des recherches historiques et archivistiques qui seront des sources d’informations de premier plan. Elles peuvent être complétées par des entretiens sonores ou filmés qui fourniront de précieux témoignages d’où seront extraits des portraits, citations, anecdotes, faits marquants, etc.

Un projet d’édition pa(ge)s à pa(ge)s

La première étape consiste à préciser le projet. C’est une phase de conception destinée à identifier l’idée que le commanditaire ou l’auteur se fait du futur livre afin de cerner ses attentes. Cette étape s’appuie sur un questionnaire détaillé qui permet ensuite de cibler les solutions en termes de contenus, de forme, de nombre de pages, de date de parution, de diffusion, etc.

À chaque projet d’édition correspond un livre unique qui répondra à des objectifs spécifiques :

  • catalogue d’exposition, brochure touristique = outil de médiation,
  • ouvrage scientifique ou livre historique = vecteur de savoir,
  • ouvrage technique = support d’apprentissage,
  • guide ou beau livre = invitation à la découverte.

Bien sûr, un même livre peut intégrer plusieurs de ces dimensions et apporter au lecteur différentes portes d’entrée.

À cette étape de définition succède la phase de préparation du contenu.

Les connaissances ainsi rassemblées sont mises en texte par une plume, une personne chargée de transformer cette matière brute en un récit. Par la suite, ce texte est confié à un·e traducteur·trice si l’ouvrage est édité dans une langue étrangère.

Qu’un texte soit rédigé spécialement ou qu’il existe déjà, dans tous les cas, il est passé au peigne fin de la relecture, ce qui aboutit, si besoin, à en réécrire des passages, à le structurer de manière à équilibrer les parties, à discuter avec l’auteur·e du bien-fondé d’une thématique ou de la pertinence d’un passsage. Pour l’auteur·e, cette relation au texte peut se révéler délicate et il est fondamental de l’aborder avec beaucoup de diplomatie.

Dans le cas d’un livre illustré, l’attention portée à l’iconographie est cruciale. Elle repose parfois sur la numérisation d’un fonds d’archives jusque-là inexploité. Si la qualité des images (numériques ou numérisées) n’est pas optimale, certaines sont éliminées, d’autres retouchées. Quelquefois, il convient de compléter l’ensemble par des recherches iconographiques et, dans certains cas, de commander un reportage photographique spécifique. Le dessin peut constituer une alternative graphique permettant de compenser le manque d’illustrations ou de compléter l’iconographie existante. Là encore, le dialogue avec l’auteur·e – ou le·la responsable de la publication si le projet regroupe plusieurs auteur·es – est primordial.

Une fois le contenu finalisé, il faut déterminer l’aspect que va revêtir l’ouvrage : le type de papier (couché, offset, création, …), son format (carré, à la française, à l’italienne), son nombre de pages (pagination), le type de façonnage (agrafé, broché, relié, …), sa finition (brillante, satinée, veloutée), etc. Les conseils techniques et esthétiques d’un imprimeur sont indispensables pour envisager les différentes possibilités et retenir celle qui sera la plus appropriée.

Parfois, ces décisions sont prises en parallèle de la préparation de l’ouvrage, les impératifs techniques venant, le cas échéant, orienter les choix de mise en page.

La maquette constitue l’écrin destiné à mettre en valeur le propos. À l’issue de recherches graphiques et typographiques, une charte est définie en fonction du type d’ouvrage prévu (caractères avec ou sans empattement, importance des marges, nombre de colonnes de texte, palette de couleurs, etc.) afin de hiérarchiser le contenu. Loin d’être une simple mise en forme, la mise en page produit du sens par les choix qu’elle implique. Cette phase de réalisation est ponctuée d’allers-retours visant à affiner et finaliser l’ouvrage avant sa remise à l’imprimeur pour fabrication. Le projet bénéficie alors du savoir-faire d’un service prépresse qui intègre un pôle photogravure et prépare les plaques en vue d’une impression offset. Dans le cas d’un petit tirage et sous certaines conditions techniques, on peut opter pour une impression numérique.

Toutes ces étapes nécessitent l’intervention de professionnel·le·s rompu·e·s à ces missions : recherches en archives, écriture, relecture, traduction, prise de vue, numérisation, demandes iconographiques, graphisme, mise en page, retouche, chromie, photogravure, impression, etc. C’est la combinaison de ces multiples compétences qui donne au contenu sa crédibilité et à l’ouvrage sa cohérence formelle.

Les ingrédients d’un projet éditorial réussi

Publier un livre ne se résume pas à la réalisation d’une recette, mais certains ingrédients s’avèrent néanmoins nécessaires.

L’élément premier est éminemment humain ; il repose sur la contribution de nombreuses personnes réunies autour du projet et chargées de le faire advenir.

À cette donnée essentielle s’ajoutent quelques invariants, communs à d’autres types de projets :

  • exprimer dès le début ses attentes et ses ambitions. Cela évite les incompréhensions en cours ou en fin de projet.
  • s’entourer d’intervenant·e·s expérimenté·e·s tout en restant acteur du projet. C’est se donner les moyens de voir le projet aboutir et un gage de fierté.
  • être disponible et réactif pour donner du rythme aux échanges afin de créer une émulation autour du projet.
  • prendre le temps. La durée de réalisation d’un livre se compte en mois (voire en années lorsqu’il s’agit d’une somme de connaissances qui doit faire date). Même en s’entourant d’une équipe dédiée, ce type de projet demande de la disponibilité.

Loin de représenter une étape finale dans un projet de valorisation, la réalisation d’un livre se révèle être un point de départ, le début d’une aventure collective, une expérience humaine singulière.

Par expérience, chaque ouvrage marque un avant et un après dans la vie – professionnelle ou personnelle – de celles et ceux qui prennent part à sa réalisation, d’autant plus s’il s’agit de leur première expérience éditoriale.

Un avant et un après

Dans l’histoire d’une famille, d’une entreprise, d’une association et de tout type d’organisation, publier un livre est un acte marquant.

Ce n’est pas seulement relater des faits, mettre en valeur des personnalités clés ou des événements marquants, dresser le bilan d’une histoire plus ou moins ancienne.
C’est aussi, par les choix éditoriaux qui sont faits (chapitres, exergues, citations, encarts, etc.) mettre en avant ou, dans le cas contraire, passer sous silence des moments charnières ou des personnes importantes.

C’est se poser mille et une questions à chaque étape pour vérifier qu’il est en cohérence avec le projet de valorisation ou l’objectif de communication.

C’est marquer une pause dans le cours de l’histoire de l’organisation et penser à la trace que laissera l’ouvrage.

Sa réalisation s’inscrit dans le présent, mais repose sur des éléments du passé dans l’objectif de transmettre une histoire, un savoir-faire, etc. aux générations futures.

Du fait de sa durée, il s’ancre dans l’histoire qu’il relate et représente, en cela, un moment « historique » au sens premier du terme.

Ainsi, le livre acquiert un double statut : alors même qu’il contribue à la valorisation patrimoniale d’une organisation – au même titre qu’une exposition ou un parcours de visite –, il devient également un élément constitutif de ce patrimoine.

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